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Bienvenue chez les Doudoux
7 novembre 2008

7 novembre 1902 :: 7 de Noviembre de 1902

Elle ne me quitte jamais, cette médaille.  En la caressant machinalement, en la retournant entre mes doigts, je pense souvent à elle.

Elle, c’est Marie-Louise, ma grand-mère paternelle.  Comme la dame citée dans le discours d’Obama, elle aurait eu 106 aujourd'hui.  Elle a traversé tout le XXe siècle pour s’éteindre au XXIe, à presque 98 ans.  Elle a vécu deux guerres.  En 14, pensionnaire chez les soeurs en Belgique, occupée par les Allemands.  Une adolescence de froid, de peur et de privations.  En 40, jeune mariée dans Paris occupé, seule pour élever mon père, et successivement deux autres fils nés pendant cette guerre.  Les queues, les rationnements, la chicorée, ni sucre, ni beurre.

Un tout petit bout de femme au caractère bien trempé, qui avait pris sa vie en mains, puisque petite dernière d’une famille ruinée, orpheline de mère, son père ayant dilapidé l’héritage familial en se perdant dans les casinos suisses.

Je pourrai parler des colis qu’elle nous envoyait, à ma soeur et à moi.  Des chemises de nuit qu’elle choisissait avec amour, elle qui n’avait pas eu de filles.  De ma première bicyclette pliable, blanche, qu’elle m’avait offerte.  Des nombreuses visites qu’elle nous fit, même au Pérou, sans jamais hésiter devant la longueur des voyages, s’adaptant à la modernité sans s’en étonner.

Mais plus que la grand-mère, c’est la femme dont le souvenir me reste.  Je la revoie dans son fauteuil préféré, à l’heure du café, sortir sa cigarette quotidienne tout en remontant le cours du temps.  Les années folles à Paris, les jupes qui raccourcissent, les coupes à la garçonne, les premiers congés payés, son travail à La Poste, son retour sur les bancs d’école pour passer le bac, fallait le faire!  Son mariage tardif, ses quatre garçons, ses conseils de femme, son goût de l’Histoire et des voyages, les histoires de famille...

Et aussi la haute importance qu’elle accordait aux petits gestes quotidiens, mettre la table, faire une entrée, un plat, un dessert (ah, son clafoutis aux pommes!), le verre de vin, celui de whisky des dimanches («tu comprends, il ne faut pas perdre l’habitude, sinon, quand on est invitée, on devient pompette!»).  La méticulosité avec laquelle elle choisissait ses aliments au marché, combien de fois l’ai-je accompagnée en traînant un peu les pieds!  Ses armoires, qui sentaient si bons, tous ses menus trésors qu’elle me montrait à chaque visite et dont l’histoire plus que l’objet faisait leur intérêt.

Quand je repense à elle, je mesure chaque fois davantage l’amour qu’elle exprimait de manière si détournée et la petite lumière au fond de ses yeux qui pétillait.  Car, sans aucun doute, je lui ressemble beaucoup.  Et depuis cette dernière fois où nous nous sommes vues, cette fois où elle m’a donnée sa médaille, celle dont jamais elle ne s’était séparée, je la porte en moi.

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Jamás me deja; esta medalla.  Tocándola sin darme cuenta, jugando con ella entre mis dedos, a menudo pienso en ella.

Ella, es María-Luisa, mi abuela paterna.  Así como la dama citada en el discurso de Obama, hoy hubiese cumplido 106 años.  Atravesó todo el siglo XX para apagarse en el XXI, con casi 98 años.  Vivió dos guerras.  En la del 14, como pensionaria con las hermanas religiosas en Bélgica, ocupada por los alemanes.  Una adolescencia de frío, de miedo y de privaciones.  En la del 40, joven novia en la París ocupada, sola para educar a mi padre, y sucesivamente a otros dos hijos nacidos durante esta guerra.  Las colas, los racionamientos, la achicoria; sin azúcar, tampoco mantequilla.

Una muy pequeña mujer con un carácter bien templado, que tuvo que tomar su vida en manos, ya que como última hija de una familia arruinada, huérfana de madre, su padre había dilapidado la herencia familiar perdiéndose en los casinos suizos.

Podría hablar de los paquetes que nos enviaba, a mi hermana y a mí.  Camisas de noche que escogía con amor, ella que había soñado con tener hijas.  De mi primera bicicleta plegable blanca que me había ofrecido.  De las numerosas visitas que nos hizo, hasta en Perú, sin vacilar delante de la longitud de los viajes, adaptándose a la modernidad sin asombrarse.

Pero más que la abuela, es la mujer cuya memoria me ha quedado.  La veo de nuevo en su sillón preferido, a la hora del café, sacar su cigarrillo diario remontando el curso del tiempo.  Los años locos en París, las faldas que se hacen más cortas, los cortes de pelo “a la garçonne”, las primeras vacaciones pagadas, su trabajo en el Correo, su retorno a los bancos de escuela para pasar el bachiller… ¡había que hacerlo!  Su matrimonio tardío, sus cuatro hijos, sus consejos de mujer, su gusto por la Historia y los viajes, las historias de familia...

Y también la gran importancia que daba a los pequeños gestos diarios: poner la mesa, hacer una entrada, un plato, un postre (¡ah, su pastel de manzanas!), al vaso de vino, al de whisky de los domingos ("¡comprendes, no hay que perder el hábito, sino, cuando te invitan, te emborrachas!").  La meticulosidad con qué escogía sus alimentos en el mercado… ¡cuántas veces la acompañé arrastrando un poco los pies!  Sus armarios, que tan bien olían, todos sus fabulosos tesoros que me mostraba a cada visita de cuales la historia, más que el objeto, se apropiaba de mi interés.

Cuando pienso en ella, me doy cuenta cada vez más del amor que expresaba de manera tan indirecta y la pequeña luz en el fondo de sus ojos que brillaba.  Porque, sin duda alguna, me le parezco mucho.  Y desde la última vez que nos vimos, esa vez que me dio su medalla, aquella de la que jamás se había separado, la llevo conmigo.


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Commentaires
T
Ouf, quelle émergence d'émotions profondes, ponctuées avec cette ferveur que Piaf rend avec tant d'intensité! Ton blogue incarne ce bel héritage d'amour que ta grand-mère t'a légué et que tu sais faire vibrer grâce à tes productions artitiques et culinaires ou à vos anecdotes familliales que tu nous y présentes en photos, en recettes, en pâtisserie, en décoration, en savons, en sorties, en vacances et en heureuses trouvailles qu'il fait plaisir de partager! Il est addictif ton blogue, comme l'amour maternel!
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